Ah, les braves gens ! by Franz Bartelt

Auteur:Franz Bartelt [Bartelt, Franz]
La langue: fra
Format: epub
Tags: non lu, Littérature française, rentrée littéraire 2019, humour noir, campagne, loufoque, roman noir
ISBN: 9782021432206
Éditeur: Seuil (Cadre noir)
Publié: 2019-10-03T08:05:38+00:00

12

Cette nuit-là, les habitants de Puffigny furent tirés de leur sommeil par d’atroces cris de douleur. Pas très solide sur ses jambes, Roguerse déambulait au hasard des rues, en hurlant :

« Zerma ! Zerma ! Zerma ! Zerma ! Zerma ! »

Pour qu’elle revienne.

(Fin du chapitre quatrième)

CHAPITRE CINQUIÈME

La folie du macramé

* * *

1

Pour la dixième fois, Zouave répétait la même question :

« Alors, monsieur Farruque, vous ne connaissez toujours pas ces jeunes filles ? »

Et obtenait la même réponse :

« Je n’ai pas dit que je ne les connais pas. J’ai dit que je ne les ai jamais photographiées.

– Pour être tout à fait franc avec vous, monsieur Farruque, nous avons quelques raisons de vous soupçonner d’agression sexuelle… voire de viol…

– Je vous répète que je n’ai jamais violé personne. J’ai travaillé quarante-deux ans aux Ponts et Chaussées, sans problème, très bien noté, apprécié, jamais une minute de retard, toujours volontaire pour les remplacements, pour les travaux délicats. Vous pouvez vous renseigner. On ne vous dira que du bien de moi !

– Sauf que certains de vos anciens collègues s’étonnent encore aujourd’hui que vous n’ayez pas trouvé à vous marier !

– Pourquoi ? C’est interdit de rester célibataire ?

– Nous savons que vous fréquentiez des prostituées.

– Il faut bien que ça se fasse. C’était mon hygiène. Pour le même prix, j’aurais pu m’offrir un abonnement dans un club de sport. Mais j’aime pas le sport. Si vous trouvez à y redire, c’est que vous ignorez tout des choses de la vie. Vous croyez que j’aurais attendu d’être à la retraite pour devenir un violeur ? Le viol c’est comme la musique ou le patinage artistique, si on veut faire carrière, il faut commencer tôt. Des violeurs de mon âge, ça ne court pas les rues.

– Il y en a. Chez vous, on a retrouvé du matériel pornographique. En quantité, disons… significative. Cela dit, vous avez le droit de cultiver votre jardin secret. Mon observation a seulement pour objet de souligner que le fait d’être retraité n’a pas totalement épuisé votre appétence pour les spectacles sexuellement explicites.

– Pensez ce que vous voulez…

– Je voudrais ne pas le penser, mais j’ai du mal à ne pas vous imaginer tout à fait incapable de résister à certaines tentations. Du moins quand elles se présentent à votre portée. Quand je dis “à votre portée”, je pense “à votre porte”. Vous n’avez pas tout dit, monsieur Farruque. Nous savons que vous avez eu des rapports avec trois jeunes filles de Puffigny. En fait, vous avez eu des rapports avec deux d’entre elles. Myrtille Briochard et Bouillanne Lassalle. Pour Nadège Forton, c’est plus complexe. Elle n’est plus là pour témoigner de ce que vous lui avez fait subir. Mais nous en saurons bientôt plus. Demain au plus tard, des engins de terrassement vont entreprendre des fouilles autour de la maison forestière. Et à d’autres endroits. Je devine que vous allez me dire que nous allons perdre notre temps et gaspiller l’argent du contribuable. Mais sait-on jamais

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